Fond commun

Ce projet, réalisé dans le cadre du 1% artistique pour le Restaurant Inter-Administratif d’Angers, ne se présente pas comme une œuvre fixe, mais comme un fonds à partager. Un ensemble de 25 dessins et 25 sous-titres, conçus pour être associés librement par les usagers du lieu. Chaque dessin, réalisé en techniques mixtes, dialogue avec un sous-titre, mais aucune paire n’est imposée. Les combinaisons possibles sont infinies, et c’est aux personnels et visiteurs du RIA qu’il revient de les imaginer, de les créer, et de les renouveler. Quatre cadres, disposés dans différents espaces du bâtiment, accueillent ces duos éphémères. Les feuilles, rangées dans un meuble sur mesure et référencées dans un catalogue, sont à la disposition de tous. Une procédure simple facilite l’accrochage et préconise que sa durée n’excède pas six mois, mais aucune limite minimale n’est fixée. Son renouvellement dépend uniquement du désir de ceux et celles qui s’en emparent.

L’intention est double, d’une part, transposer dans l’espace public les enjeux centraux de mon travail qui valorise le choix comme acte créateur et d’autre part, refuser l’idée d’une installation péremptoire, figée dans le temps. Il ne s’agit pas d’imposer une vision, mais d’offrir la liberté de combiner, de surprendre, de se tromper, de recommencer. Les « trouvailles » entre un dessin et un sous-titre deviennent autant d’occasions de porter un regard neuf sur l’espace et sur le travail lui-même. Ici, l’œuvre doit être activée, elle est une invitation à jouer avec les associations d’idées, les résonances inattendues, les interprétations personnelles. Les dessins et les sous-titres, conçus pour être à la fois autonomes et complémentaires, deviennent les outils d’une création collective et évolutive.

Les combinaisons choisies révèlent des sensibilités, des humeurs, des histoires singulières. Elles transforment les murs du RIA en récits fugaces, où l’œuvre n’est plus seulement contemplée, mais vécue, manipulée, réinventée. Ce fond de dessins n’appartient à personne en particulier, mais à tous ceux qui souhaitent s’en saisir.