Lieux de répits

Pendant que le quartier de Belle Beille se transforme, entre démolitions et reconstructions, Le Quartier Inouï tend l’oreille. Il écoute les voix qui traversent les chantiers, les sons qui persistent ou disparaissent, les histoires qui se chuchotent dans les escaliers, sur les balcons, ou au détour d’un square. Comment habite-t-on un lieu en mouvement ? Comment y fabrique-t-on encore du « chez-soi », du « chez nous », quand les murs bougent et que les repères s’effritent ?

Dans ce contexte j’ai réalisé une série de dessins à l’encre et au graphite à partir de portraits sensibles de lieux de répits. Ces espaces sont ceux que Xavier, Nathalie, Oumaïma, Evelyne, Moulay, Joël, Valentin. Des endroits où l’on peut encore se sentir chez soi, même quand tout autour se réinvente. Chaque dessin sont comme la tentative de traduire ce qui, dans ces lieux, échappe aux plans et aux statistiques. Pas de scènes grandioses, mais des fragments d’intimité, celle qui résiste aux pelleteuses, qui se glisse dans le bruit des travaux. Ces lieux, souvent modestes, parfois improbables, racontent les preuves qui transforment un palier en salon, un trottoir en territoire, un mur en mémoire.